Histoire
de l’Abbaye

L’abbaye qu’on voit aujourd’hui est l’abbaye de Notre Dame de Grosbot (Beate Marie de Grosso Bosco). Elle date du douzième siècle et elle est sise sur le site de l’abbaye d’origine de Font-vive ( Fontis-vivi).

Très peu de choses sont connues sur les origines exactes de l’abbaye, parce qu’il ne reste que très peu de documents écrits de l’époque, mais on sait qu’en 1166, sous l’impulsion de l’abbaye d’Obazine, notre abbaye passa dans l’obédience Cistercienne et vers 1180, le nom a été changé en Grosbot.

L’ordre cistercien a été fondé en 1098 à Cîteaux en Bourgogne par Robert de Molesme. Les Cisterciens voulaient revenir à la pureté originelle de la Règle de Saint-Benoît et vivre en pauvreté, pénitence et solitude. Ils sont revenus en réalité à une vie de travail manuel et de silence. A partir de l’arrivée de Bernard de Fontaine en 1112, l’ordre s’est développé rapidement et, en 1153, à la mort de Saint-Bernard, trois cent quatre-vingt-treize abbayes cisterciennes existaient. A la fin du douzième siècle, l’ordre était très riche et puissant dans toute la chrétienté, avec des abbayes comme Clairvaux, Pontigny Noirlac, Le Thorenet et Fontenay en France et Fountains, Rievaulx et Tintern en Angleterre.

Grosbot a été fondé par la famille de La Rochefoucauld (de Marthon) qui, avec plusieurs autres bienfaiteurs comme les Comtes de Lusignan, et les Seigneurs de Mareuil, leur ont donné des terres. Aux XIIème et XIIIème siècles, l’abbaye était riche et possédait des granges (fermes) dans toute la région, s’étendant jusqu’à la Jarne près de la Rochelle. L’abbaye possédait aussi des moulins, des forges, des maisons à Angoulême, La Rochefoucauld et Périgueux, et la chapelle d’origine d’Obezine à Angoulême. Au début, les frères laïcs travaillaient les champs eux-mêmes, mais, au début du XIVème siècle, après les dégâts occasionnés par les épidémies de grande peste et la guerre de cent ans, les terres furent laissées à l’abandon. Pour leur remise en état, l’abbé choisit l’arrentement perpétuel.

L’abbaye a beaucoup souffert pendant les guerres de religion. Les Huguenots enlevèrent tout ce qu’ils purent, jusqu’au bois des charpentes. En 1568, les religieux furent chassés par Vincent de Villars de la maison de Mainzac qui s’appropria les revenus et vendit les terres. Les moines ne purent rentrer chez eux que douze ans plus tard. Un document de l’époque constate l’abandon de Grosbot : Les bâtiments sont ruinés, l’eau traverse les voûtes, les murs d’une des chapelles ont des fissures qui mesurent jusqu’à trente centimètres. La voûte du clocher au-dessus du chœur n’a plus de tuile. La nef n’a plus de couverture. Seule la première travée est encore voûtée (le dernier tiers s’est effondré en 1991). Heureusement, l’abbaye fut reconstruite par l’abbé Jean de la Font (nommé en 1641, mort en 1673) et sous son impulsion, l’abbaye très éprouvée jusqu’alors, connut pour un temps, une certaine prospérité. On lui doit les bâtiments conventuels face à l’est et au nord.

Entre 1674 et 1722, l’abbaye avait des abbés commendataires, mais en 1722, Claude-Francois Léoutre fut nommé abbé régulier et c’est lui que rebâtit l’aile ouest. A la révolution, il ne restait qu’un seul moine et les terres et bâtiments furent vendus comme « bien national ». Les locaux furent transformés en habitations et l’église devint une grange.

L’abbaye a eu une grande variété de propriétaires pendant les deux derniers siècles et en 1991, elle a été achetée par un couple anglais. Quand ceux-ci sont arrivés, l’aile ouest était complètement en ruines et seules quelques pièces à l’étage de l’aile nord et de l’aile est étaient habitables. Actuellement, toute la toiture, l’aile nord et l’aile ouest, et le mur nord de l’église ont été restaurés. Les travaux continuent sur les bâtiments conventuels et les nouveaux propriétaires espèrent commencer les travaux de restauration de l’église bientôt.

Même si le site n’est pas cistercien d’origine, on peut dire qu’il est typiquement cistercien, dans un vallon, loin du monde. A part l’église, seules quelques traces du bâtiment de XIIème siècle restent, et on apprécie beaucoup le fait que le site ait gardé aujourd’hui l’atmosphère de calme et de tranquillité de son origine. Il y a une abbaye ici en raison de la présence d’eau. Des sources, qui jaillissent dans le pré de la fontaine à l’ouest de l’abbaye, sont captées et domestiquées de longue date et acheminées par tout un réseau de canalisations souterraines qui alimentent vers l’est les grandes pièces d’eau du parc conçues notamment pour servir de viviers.

En raison du manque de documents on sait très peu de choses sur l’abbaye de Font-vive.  Jusqu’à très récemment, on ne savait pas si l’abbaye de Grosbot avait succédé à l’abbaye de Font-vive, ou, si Font-vive était située dans un autre endroit maintenant oublié.  Cependant, il est possible que l’archéologie nous donne la réponse.  A l’est de l’abbaye sont organisées des fouilles archéologiques où travaillent, chaque année, une équipe  de l’Université de Bristol en Angleterre.  Le bâtiment le plus ancien qui a été trouvé jusqu’ici date, on croit, du XIème ou XIIème siècles et il est donc pré-cistercien. Avec une variété de sarcophages, c’est soit un mausolée soit une chapelle de haute qualité et il montrerait, donc, que l’abbaye d’origine était presque certainement ici sur le même site que l’abbaye de Grosbot.